Attivisti di estrema destra, uniti dai social network, hanno diffuso la paura nella cittadina di Torre-Pacheco, in Murcia. Un'“ondata” nazionalista che sembra consumarsi da tutte le parti
Longtemps, l’extrême droite a avancé masquée en Espagne. Le pays se pensait prémuni par sa longue période de dictature franquiste, qui avait décrédibilisé pour de bon l’ultranationalisme et fini de rendre parfaitement ringardes les vieilles rengaines identitaires. Les partis politiques traditionnels suffisaient, croyait-on, à avaler et neutraliser les restes épars de cette époque révolue.
A présent, les militants d’extrême droite sont toujours masqués, de cagoules ou de t-shirt enroulés autour de la tête. Batte de base-ball à la main, ils ont semé l’effroi ces jours dans les rues de la petite ville de Torre-Pacheco, en Murcie, où ils s’étaient rassemblés pour lancer des chasses à l’homme contre la population d’origine marocaine, après qu’un habitant sexagénaire a été frappé par deux jeunes Marocains. Des «opérations» sans précédent sous ces latitudes depuis un quart de siècle.
Tout sonne faux dans le «sursaut» nationaliste que ces militants ultras prétendaient incarner. Venant d’ailleurs en Espagne, rassemblés par le biais des réseaux sociaux aux allures de trolls, du type «Deport them all» («Déportez-les tous», en anglais), empruntant autant leur rhétorique xénophobe aux divers mouvements d’extrême droite européens qu’au registre de Donald Trump, ils ont «inventé» une réalité dénuée de toute consistance.
A Torre-Pacheco, dans la région où sont produits les fruits et légumes de l’Europe entière, la criminalité n’est pas plus élevée qu’ailleurs, elle a même plutôt tendance à baisser. La seule victime expiatoire dénichée par ces ultras a été un vendeur local de kebabs.
Comme dans le reste de l’Europe
Après l’irruption du parti Vox, qui est devenu la troisième formation du pays, le racisme a déjà pleinement pignon sur rue. Et, dans ce pays qui se considérait à cet égard exceptionnel, le thème de l’immigration est promis à occuper solidement une place centrale dans le débat politique, comme c’est maintenant le cas partout ailleurs en Europe.
Alliée à Vox en Murcie, comme dans des dizaines de municipalités, c’est la droite classique du Parti populaire (PP), menée cahin-caha par Alberto Nuñez Feijoo, qui a le plus à perdre dans l’exercice. Face à une extrême droite décomplexée, qui dit aujourd’hui «comprendre» que les citoyens exaspérés «prennent eux-mêmes la justice en main», les caciques du PP sont jetés avec l’eau du bain par ces militants, souvent jeunes, qui n’ont que faire de la politique traditionnelle. Pour Feijoo, la tentation de durcir encore son discours n’en sera, sans doute, que plus grande. Au risque de banaliser des événements comparables à ceux qui se sont déroulés ces derniers jours à Torre-Pacheco.
Source : Le Temps